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Nous v. Eux : criminalité et immigration novembre 25, 2008

Posted by jay2go in Juridique, Uncategorized.
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Jean-Yves Brutus, immigrant haïtien et membre du groupe de rue Crack Down Posse, sera expulsé vers son pays d’origine ce matin.

De la criminalité…

Ce mec est un criminel, je veux bien. Il est sous la menace d’un ordre d’expulsion depuis 2003, et ça ne l’a pas empêché de mener ses petites affaires, comme à l’habitude. Qu’on ne traite pas nos criminels aux petits oignons, cela va de soi. La base même du système de justice repose sur la protection de la société vis-à-vis des criminels : tu commets un crime, on te met à l’ombre à la fois pour se protéger et pour te faire réfléchir. Je n’ai aucun problème avec ça.

Cela étant dit, les criminels sont toujours des citoyens, non? Ont-ils moins de droits que vous et moi parce qu’ils ont commis un crime? N’ont-ils plus de personnalité juridique? Et ne me parlez surtout pas des droits des victimes : ça n’existe pas. Alors que les droits fondamentaux, ils sont les même pour tous. Bon, j’ai peut-être l’air de monter sur mes grands chevaux, mais ce qui me met surtout mal à l’aise avec cette histoire, c’est qu’on se permette d’expulser un immigrant. La prison, c’est assez pour « Nous » mais pas pour « Eux » quoi??

… chez les immigrants

Qu’on se le tienne pour dit : quand un immigrant arrive ici, normalement, il devient citoyen, non? Comme vous et moi. Or si moi je deviens un criminel notoire, va-t-on m’expulser vers Haïti? Non. Alors pourquoi lui? Sous prétexte qu’il vient de là? Je veux bien, mais alors il ne faut pas se targuer d’offrir aux immigrants un traitement égal aux autres citoyens. Car ce n’est que de la poudre aux yeux : je peux commettre les crime que je veux, je n’irai jamais plus loin qu’en prison. Alors que lui, il sera expulsé vers son pays d’origine. Je conserverai ma citoyenneté, lui perdra la sienne. Excusez-moi, mais ce n’est pas offrir un traitement égal pour tous.

C’est exactement ce qui ressortait des audiences de la Commission Bouchard-Taylor, cette croyance, cette tendance qu’on a, qui se traduit par « tu viens ici pis tu fais comme nous pis tu restes tranquille sinon on te retourne ». Euuhh excusez-moi! Ou bien on leur ouvre les portes et on les traite comme des Canadiens, ou bien on leur ferme les portes. L’entre-deux, le « tu viens mais tu fais comme je te dis », c’est inacceptable. Si on les accueille ici, ils devraient avoir le droit de s’agiter s’ils le veulent, comme tout Canadien peut le faire, sans être sous la menace d’un ordre d’expulsion. Sans être dans la mire de tout le Québec profond qui te dit ce qu’il pense.

Non vraiment, on réserve un drôle de traitement à nos immigrants. Si on est pour les traiter de cette façon, je veux dire comme des citoyens de seconde classe, qui peuvent moins s’en permette sous peine d’être expulsés, alors qu’on gèle les quotas d’immigration au plus vite. Parce qu’honnêtement, ce traitement qu’on leur réserve me répugne. Je crois en l’égalité des citoyens et ce, peu importe l’origine. On est citoyens ou on ne l’est pas, that’s it. On est une société ouverte ou on ne l’est pas, that’s it. Ce ne devrait pas être aux immigrants de faire les frais de notre incapacité à nous mettre ça dans la tête. Pourquoi eux et pas moi? Pourquoi ce citoyen et pas un autre – parce qu’il n’est pas né ici?

Non, ce matin, je suis franchement dégoûté de nos autorités et je ne vois pas au nom de quoi, en vertu de quel principe, on peut autoriser une expulsion. Un comme tous et tous comme un, tiens. Et si je n’ai pas l’impression que les immigrants sont traités comme mon égal, c’est mon appartenance entière à cette société que je remets en question.

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